Le séjour avec la tribu Tsaatan au Nord de la Mongolie a été une expérience particulière pour Pham Thi Mai Huong. |
Originaire de la province de Hoà Binh (Nord), Pham Mai Huong a étudié la littérature à l’Université de Dà Nang et a commencé à travailler dans son alma mater après avoir obtenu son diplôme. Trois ans plus tard, elle s’est décidée à quitter ce travail. «Abandonner un emploi stable pour poursuivre ma passion pour le voyage a été un grand tournant dans ma vie, a partagé Huong. J’en avais assez d’une vie dans laquelle je ferais la même chose tous les jours. Et je me suis demandée pourquoi je vivrais une vie où je ne suis pas moi-même».
La famille de Huong était très fière que leur fille travaille dans une université publique. «En pensant à ma famille et à mon travail à l’université, je me suis souvent demandée si c’était le bon choix à faire. Mais l’envie de partir grandissait chaque jour», a confié Huong.
Des expériences particulières
«J’ai choisi de vivre une vie que je n’aurais pas à regretter quand je regarderai en arrière», a-t-elle écrit. Pour couvrir ses frais de déplacement, Huong travaille en tant qu’écrivaine free-lance, photographe et vidéaste. Elle gère également une petite société en ligne pour bénéficier d’un revenu supplémentaire. «Lors de mes voyages, je me porte également volontaire pour des activités bénévoles afin d’économiser de l’argent pour l’hébergement et les repas. Cela me donne aussi l’occasion de vivre la vie locale et de rencontrer des volontaires d’autres pays».
«Depuis longtemps, j’ai toujours eu un intérêt particulier pour les cultures et le mode de vie des autochtones. Le fait que certaines cultures sont condamnées à disparaître dans un avenir proche me pousse à les visiter avant qu’il ne soit trop tard. Si j’hésite, je crains de ne plus avoir la chance d’aller à leur rencontre», a confié Huong. C’est ainsi qu’a débuté son voyage en Mongolie, qui s’est avéré être une expérience inoubliable dans sa vie.
Huong a choisi les Tsaatan en Mongolie après avoir lu qu’ils étaient menacés de disparaître. |
Après avoir traversé le désert de Gobi pendant 12 jours et voyagé 10 jours de plus, elle est enfin arrivée à destination d’éleveurs de rennes des Tsaatan. «Je suis fascinée par le mode de vie nomade des habitants ainsi que les paysages vierges et paisibles. Le périple auprès du peuple des Tsaatan est l’expérience la plus mémorable de ma vie».
«C’était une aventure pleine de défis, épuisante mais surtout une expérience incomparable. Ce qui m’a le plus marqué émotionnellement, c’est lorsque les habitants locaux m’ont raconté que c’était la première fois qu’ils rencontraient et recevaient une Vietnamienne venue séjourner avec eux comme j’ai fait», a partagé avec joie Huong.
Huong a choisi les Tsaatan en Mongolie après avoir lu qu’ils étaient menacés de disparaître. «J’ai décidé de les rencontrer, d’expérimenter leur vie et de tout enregistrer à travers des photos et des vidéos».
Il y avait des difficultés en termes d’informations car il semblait qu’aucun Vietnamien n’avait auparavant visité le Tsaatan et écrit à ce sujet. Il n’y avait même pas à sa connaissance de récits étrangers sur un tel voyage, a informé Huong.
Des nuits proches de -20°C
Huong a commencé son voyage de plusieurs milliers de kilomètres au mois d’août de l’année dernière. Huong et Norda, son compagnon de route polonais, ont parcouru près d’un millier de kilomètres en autobus à partir d’Oulan-Bator (capitale de la Mongolie) jusqu’à Moroon, puis à Tsagaan Nuur. «Le voyage de 300 km de Moroon à Tsagaan Nuur avec 16 personnes dans un véhicule prévu pour 10 a été le pire que j’ai connu. On était à l’étroit avec les tas de bagages et tout le monde était pressé les uns contre les autres».
«Le froid de la Taïga est effrayant», a raconté Huong, qui a passé trois nuits de températures proches de -20°C à dormir sous une yourte. Elle devait se lever la nuit à plusieurs reprises pour nourrir le feu. «Rencontrant la tribu et voyant leurs yourtes et les huskys, j’avais tant de sentiments : des explosions de bonheur, de l’optimisme, en passant par l’anxiété et de l’impatience. Au final, tout était comme dans un rêve».
Présentement, la tribu nomade Tsaatan compte 70 familles. Elles se regroupent en été et se séparent en hiver pour garantir qu’il y ait suffisamment de nourriture pour leurs rennes. Chaque famille part ensuite avec son troupeau et traverse trois à quatre montagnes de distance avant de s’installer temporairement là où il y a suffisamment de nourriture pour ses rennes.
Redécouvrir les minorités ethniques de son pays
Huong a conclu : «Je ne regretterai jamais mon choix. Je comprends que le chemin qui mène à un rêve n’est jamais facile». |
Dès la matinée, les gens accompagnent les rennes jusqu’à la montagne et ils les rentrent dans l’après-midi. Les Tsaatan vivent dans des yourtes grises, recouvertes de cuir imperméable.
Huong accompagnait la famille Baigali, composée d’un homme de 46 ans et de ses enfants. Elle aidait à conduire leurs rennes dans les montagnes enneigées pour leur faire manger de l’herbe et des pignons. Les Tsaatan aiment chanter des airs traditionnels. «J’ai également été fortement impressionnée par leur hospitalité. Ils partageaient avec moi tout ce qu’ils possédaient: lait, fromage, gâteau, pignons de pin».
Au matin du quatrième jour, à l’instant où Huong sortait de sa tente, elle aperçut que les tentes avoisinantes avaient été démantelées. Elle apprit qu’il était temps pour eux de se déplacer dans d’autres lieux pour trouver de la nourriture pour leurs rennes. «Ils sont montés sur le dos de leurs chevaux et nous ont fait signe de prendre la route tout en souriant. Et je porte encore leurs sourires».
Ses projets pour l’avenir comprennent des voyages en Iran, d’Égypte et dans certaines tribus d’Afrique. Huong a aussi l’intention de redécouvrir des minorités ethniques du Vietnam, en particulier les moins connues.
Huong a conclu : «Je ne regretterai jamais mon choix. Je comprends que le chemin qui mène à un rêve n’est jamais facile». Et «ces voyages m’ont donné beaucoup d’expériences et l’occasion de me découvrir davantage et d’être moi-même. Plus je voyage, plus je me rends compte de l’amour que j’ai pour la vie».